mardi 4 juin 2013

Vos concurrents ont les yeux et les oreilles qui traînent partout



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"Seuls les paranoïaques vivent", affirmait Andy Grove, titrant ainsi son livre sur la saga d'Intel dont il est l'un des fondateurs. Par temps de guerre économique, faut-il adopter cette maxime et déployer une importante artillerie sécuritaire pour se protéger de ses concurrents ? Sans tomber dans cet excès ni pécher par naïveté, observez quelques règles de vigilance.

  • Tentation technologique
Le marché de la télésurveillance est en plein boom et la demande de vigies ne cesse de croître. Ce n'est probablement pas un hasard ! Sans se transformer en bunkers, de plus en plus de sociétés s'équipent de portiques de sécurité, de badges, de caméras vidéo. Sans parler de gadgets parfois dignes de James Bond : broyeurs de documents de poche, portables enregistreurs longue durée, valises à double fond équipées d'une mini-caméra...

  • Naïveté et mauvaises habitudes
Reste que la première source de fuites, c'est encore le salarié. Y compris le salarié honnête ! Comme il ne constitue pas un matériau étanche garanti à 100%, mieux vaut le former à la prudence. Car les mauvaises habitudes ont la vie dure. Qui n'a jamais lâché des noms de clients au restaurant sans se soucier des oreilles indiscrètes à la table d'à côté ? Qui n'a jamais raconté ses déboires sur le stand d'un salon professionnel ou discuté sur son portable du prix d'un marché dans la file d'attente d'un aéroport ? Certes, il y a peu de chances que cela intéresse le voisin, mais, si c'est le cas, la note peut être salée. Le premier ennemi du secret, c'est le hasard. Sylvain Breuzard, président du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) et PDG de la société Norsys, spécialisée dans les conseils et les services informatiques, en témoigne. "Dans le TGV Paris-Lyon, nous analysions sans concession la situation d'un prospect avec deux collaborateurs. En arrivant chez le client, nous avons eu la surprise de constater que celui qui voyageait en face de nous n'était autre que le chef de projet ! Heureusement, nos propos étaient nuancés et nous avons décroché le contrat."

  •  Quand les espions affinent leurs méthodes
Les plus grosses bévues sont dues à la négligence des salariés. Mais ceux-ci sont souvent victimes d'eux-mêmes. Des sociétés ont recours à des "profilers" pour découvrir les points faibles des cadres dirigeants de leurs concurrents. Le "profiler" repère l'endettement très élevé de l'un d'entre eux, par exemple parce qu'il joue au poker ou qu'il fréquente des prostituées. Il le fait chanter : soit tout est révélé à sa femme, soit il collabore...En général, le "fauteur" opte pour la seconde solution. Ces hommes de l'ombre recrutent aussi des taupes à des niveaux stratégiques, chargées de saborder les projets. Par immobilisme ou en prenant de mauvaises décisions. Cela dure quelques mois -parfois quelques années-, le temps de mettre la société à genoux, sans que celle-ci ait le moindre soupçon. " Il faut savoir si celui qui entre dans une entreprise y accède pour apporter quelque chose ou pour emporter quelque chose ", conseille, avec un brin de cynisme, Jean-François Dehecq, ex président de Sanofi-Synthélabo. Les faux CV pour des postes de directeur général sont  plus fréquents qu'on ne l'imagine. "Il est préférable de s'entourer du maximum de précautions lorsqu'on recrute, conseille Michel Besson, fondateur du cabinet BEIC à Lyon et auteur de "Tout savoir sur vos partenaires" (Editions d'Organisation). "Faire une enquête pour s'informer des moeurs du candidat retenu et lui demander un extrait de casier judiciaire peut relever d'une précaution utile."

  • Vraies taupes mais faux candidats
Jehan Quettier, directeur général d'Eurovet, une société organisatrice de salons, s'indigne : "Aujourd'hui, il y a une chute exponentielle de l'intérêt collectif, qui conduit à la fuite des informations. C'est chacun pour soi. Bien des cadres ont une culture de voyou et un chasseur de têtes peut leur tirer les vers du nez sans jamais les recruter. C'est un jeu d'enfant !" Inversement, une société peut envoyer de faux candidats chez un concurrent en apprenant que celui-ci recrute. Même type de pratique dans les ventes d'entreprises. Autant le savoir : il existe de faux cédants. En face, le pseudo-acheteur se croit assez malin pour découvrir quelques données stratégiques alors qu'il n'a pas l'intention de faire d'acquisition. Finalement, c'est lui le dindon de la farce. Son concurrent ne lui transmet que des informations erronées. Et, au fil des rendez-vous, il finit par en dire beaucoup trop sur sa propre société...De quoi méditer la maxime de Sénèque : "Parler est un besoin, écouter est un art."

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